Gaston-Ignace Pardies, un savant béarnais au XVIIe siècle.
Ignace-Gaston Pardies
Né en 1636 à Pau, Ignace-Gaston Pardies est le fils d'un conseiller au Parlement de Navarre. Sa mère, calviniste convertie au catholicisme, lui donne son prénom, en référence au fondateur de la Compagnie de Jésus, Ignace de Loyola. A seize ans il entre chez les Jésuites. Il est ordonné prêtre en 1663.
Il poursuit ses études de philosophie et physique à Toulouse où il se lie avec le mathématicien Pierre Fermat. Il enseigne les mathématiques au collège Louis-le-Grand à Paris. Il meurt jeune, d'une fièvre contractée en visitant des prisonniers à Bicêtre en 1673.
Correspondant d'Isaac Newton et des principaux savants européens, il a laissé une œuvre scientifique importante dans laquelle il traite de la nature de la lumière.
A partir de 1662, Pardies se fait connaître par ses travaux de physique et de mathématiques. Pardies est « un exemple des enjeux scientifiques au XVIIe siècle : explorer par la raison la création de Dieu ».
Son ouvrage le plus célèbre est le "Discours de la connaissance des bêtes" (1672). Il remet en cause, sans grande conviction, après les avoir brillamment présentés, les thèses cartésiennes de l'animal-machine.
Globi coelestis in tabulas planas
Publié en 1674, à titre posthume, par le Père Jean de Fontaney, successeur de Pardies à la chaire de mathématiques au Collège Clermont, l’atlas céleste de Gaston-Ignace Pardies, présenté ici, rencontre un vif succès.
Globi coelestis in tabulas planas, conservé à La Bibliothèque Nationale de France, édité en 1693
Il se compose de six cartes imprimées sur double page. La finesse des cartes et des personnages mythologiques que l’on peut y voir, ne doit pas faire oublier sa fonction première, un outil de l’astronomie de l’époque, tendant à établir un repérage précis des astres sur la voûte céleste.
Pardies dédie son atlas au Duc de Brunswick-Lunebourg, un de ses mécènes. Il lui offre ces cartes en son nom et au nom de Louis Verjus, comte de Crécy ambassadeur de Louis XIV en Allemagne, qui finança l’Atlas, et du Père Antoine Verjus qui l'encouragea à le publier.
L’exemplaire de la Bibliothèque Patrimoniale de Pau
Dans l’exemplaire conservé par la Bibliothèque patrimoniale, les textes qui étaient dans les marges situées de chaque côté des cartes, ont été découpés, réunis deux à deux et placés à la suite des planches. Le texte, en latin et en français, sert de mode d’emploi pour utiliser les cartes, connaître la distance entre deux étoiles, trouver leur longitude et latitude ou encore comprendre le trajet des comètes.
Globi coelestis in tabulas planas, conservé à La Bibliothèque patrimoniale de Pau
Les cartes reprennent les positions célestes de plusieurs comètes, dont la comète de Halley lors de ses passages de 1607 (carte 5, dans la constellation du Serpentaire – Ophiuchus) et de 1682 (cartes 1 et 4, constellations de la Vierge – Virgo et de la Chevelure de Bérénice – Coma Berenices).
Pardies conseille à son lecteur de commencer par observer le ciel, de repérer étoiles et constellations puis de les chercher dans l'atlas et partant de là en tirant des lignes d'une étoile à l’autre d'en repérer de nouvelles. Il prend pour exemple la Grande Ourse qui permet de trouver Polaris, l’étoile polaire.
Aux étoiles déjà présentes dans les globes célestes antérieurs, Pardies ajoute les apparitions de « nouvelles étoiles » ou « novae » en ajoute d'autres répertoriées dans les tables de grands astronomes comme Kepler.
Un index en fin d’ouvrage répertorie 63 constellations et indique pour chacune d’entre elles le nombre d’étoiles qui la composent.
L’ouvrage se termine par une note au lecteur indiquant qu’on a ajouté à cette seconde édition, des comètes apparues depuis 1674, date de la première édition.
Au-delà de son intérêt historique et scientifique, l'atlas de Pardies, présente un indéniable intérêt artistique. Les constellations, traditionnellement représentées par les figures du zodiaque font l'objet de splendides gravures au burin réalisées par Guillaume Vallet (1632-1704), graveur du roi et membre de l’Académie de Peinture et Sculpture.
En savoir plus ...
- Pardies, Ignace-Gaston, S.J. [Globi coelestis in tabulas planas redacti descriptio latino-gallica] / J. G. Pardies, S. J. - 2e ed.- A Paris : chez Vallet, [1693 ?]. - 5, [1] f., 6 f. de pl. ; 2°. Ex-libris Paul Arlaud 1716, ex-libris Debenout [s. d.] Bibliothèque patrimoniale. ALB 62. Titre d'après le catalogue de la Bibliothèque nationale. - Date d'éd. d'après Sommervogel. - Pas de page de titre ; les marges des planches ont été découpées, réunies deux à deux et placées après les planches. Contient des cartes du ciel. - Ex-libris Paul Arlaud 1716, ex-libris Debenout [s. d.]. Reliure cuir marron Dos à 6 nerfs
- Discours de la connoissance des bestes / par le P. Ignace Gaston Pardies... - A Paris, chez Sebastien Mabre-Cramoisy, imprimeur du Roy, ruë Saint Jacques, aux Cicognes, Mabre-Cramoisy, 1672. - [10],237,[2] p. (sig. a6 A-K12) : gr.s.c. ; 12°. Marque au titre. Reliure basane, dos orné 18e siècle, Aux armes du Comte de Guiche. Bibliothèque patrimoniale. F 186 R.
- Thierry Issartel. Ignace-Gaston Pardies S.J., sciences et religion au Grand Siècle. Conférence donnée le 23 mars 2011 à l'Usine des Tramways à Pau.
- Escola Gaston Febus. Gaston Pardies le physicien inspiré. Lire l'article
- Sanchez Jean-Christophe. L’astronomie dans le Sud-Ouest de la France au XVIIe siècle. In : Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 121, N°265, 2009. Le temps de la grande couronne d'Aragon. pp. 57-79. DOI. Lire l'article
L'ouvrage est consultable à la Bibliothèque Patrimoniale de Pau à l'Usine des Tramways sous la cote ALB-62.
L'exemplaire de la Bibliothèque nationale de France est consultable en ligne sur Gallica.