En hommage à Dante, la Bibliothèque patrimoniale de Pau présente une édition de La Divine Comédie imprimée en 1520.

 

Dante Alighieri

dante portraitNé à Florence en 1225 et mort en exil à Ravenne en 1321, Dante Alighieri, considéré comme le père de la langue italienne et le symbole de l'unité de son pays, est aussi un monument de l'histoire littéraire mondiale. 

La Divine Comédie "poème de 100 chants, est le premier grand texte en Italien. 

L'histoire raconte le voyage de Dante, dans l'Au-delà, où il traverse, L'Enfer, Le Purgatoire et Le Paradis. 

Le succès fût immédiat. Si le texte original, écrit de la main de Dante a disparu, les bibliothèques du monde entier conservent des copies manuscrites réalisées au 14e et au 15e siècles et aussi de nombreuse productions imprimées, avec gloses et commentaires qui ont sans doute contribué à éloigner le texte de sa version originale. 

Sur les 600 manuscrits, du 14e et 15e siècles conservés, seuls trente sont richement illustrés.

Parmi les plus célèbres, citons " Commedia ".

Ce manuscrit remarquable qui contient l'intégralité de l'Enfer, du Purgatoire et du Paradis est illustré de dessins attribués à celui qui qualifia la " Commedia " de Divine : Boccace, (Giovanni Boccaccio : 1313–1375).

Le Kupferstichkabinett de Berlin ainsi que la Bibliothèque vaticane conserve les feuillets de " La Divine Comédie" illustrés par Botticelli. Aujourd’hui détachés, 84 de ces feuillets se trouvent répartis entre Berlin et à Rome. 

La Bibliothèque nationale de France conserve quant à elle un magnifique manuscrit (italien 74), intitulé "Dante Alighieri, Inferno, con l'Ottimo Commento",  copié un siècle après la mort de Dante en 1426 par Jacopo Guido di Puccini et enluminé par un artiste florentin très connu, Bartolomeo di Fruosino

Les 34 chants de l'Enfer sont accompagnés d'une enluminure, et le manuscrit débute par une somptueuse carte de l'enfer.

 

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Carte de l'enfer

 

L'exemplaire conservé à la Bibliothèque Patrimoniale

La Bibliothèque patrimoniale de Pau possède un exemplaire imprimé et illustré de "La Divine Comédie" qui provient du Collège Saint Paul de Lescar, le collège des Barnabites, comme l'atteste l'ex-libris manuscrit sur la page de titre.

Il s'agit de la réimpression d'une édition italienne de 1512, accompagnée du commentaire de Cristoforo Landino. Cet ouvrage en italiques par Bernardino Stagnino à Trino, a été imprimée en 1520.

 

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Opere del divino poeta Danthe, con suoi comenti recorrecti et con ogne diligentia novamente in littera cursiva impresse.
Editeur(s) Impressa in Venetia : per Miser Bernardino stagnino da Trino de Monferra, 1520.
Cote D 1466 R

 

Bernardino Stagnino (14..-1540) est le premier imprimeur-libraire piémontais à avoir imprimé "La Divine Comédie". Issu d'une grande famille d'imprimeurs, les Giolito de Ferrari, qui ont également imprimé " La Divine Comédie ", il n’a jamais utilisé son nom de famille et choisi le surnom de "Stagnino" signifiant "ferblantier". 

La page de titre est imprimée en rouge et noir. Elle est ornée d'un encadrement avec sur les bords, personnages et végétaux mêlés, en haut des anges et en bas une illustration du Paradis.

Au centre, une vignette représente Saint Bernardin de Sienne (Bernardino) en pied et de profil, avec ses attributs : le monogramme du Christ (I-H-S), sur un disque solaire que le Saint semble tenir dans sa main gauche, et les 3 mitres, au sol et au niveau de la tête du personnage.

Il s'agit d'un saint très populaire dans l’Italie de la Renaissance, l'éditeur porte son prénom : Bernardino   

 

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Une gravure pleine page illustre et précède le Chant I de l’Enfer de " La Divine Comédie ", préambule à l’ensemble du poème.

 

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Sur la page suivante le début du texte est enchâssé dans un encadrement similaire à celui de la page de titre.

 

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Chaque chant est introduit par une vignette gravée, signée du monogramme C, CI ou CC.

 

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Au dernier feuillet se trouve la marque de l’imprimeur (un cœur surmonté d’une croix avec ses initiales).

 

Pour satisfaire l'élite intellectuelle ne pouvant se contenter des éditions sorties des presses de la famille du grand imprimeur Alde Manuce et destinées aux bourgeois et courtisans, Stagnino a imprimé trois éditions de " La Divine Comédie " accompagnées du commentaire de Landino en 1512, 1520 et 1536.

Spécialisé dans l’édition de textes juridiques, médicaux et philosophiques,  Stagnino était proche des milieux académiques. 

En plus de l'ajout du commentaire de Landino datant du XVe siècle, à l'édition aldine de Pietro Bembo (début du XVIe siècle), cette édition est surtout remarquable par la présence de ses fines gravures sur bois.   

Grand poème allégorique, histoire d'amour intense, récit initiatique, quête mystique " La Divine Comédie " raconte l'histoire d'un personnage, Dante lui-même, qui guidé par Virgile et Béatrice traverse les neuf cercles de L’Enfer, les neuf terrasses du Purgatoire, et enfin les neuf sphères du Paradis.  

"La Divine Comédie", texte porté par l'amour sublimé et composé à la louange de Béatrice Portinari, est un récit " de l'expérience des limites et de l'indicible "dit Jacqueline Risset.

Cet amour, entendu comme désir, est le moteur du poète et de la création du poème. La douleur, la perte, le malheur sont sublimés par la poésie. En retour le texte poétique incarne la vérité.  

"La Divine Comédie" est le récit d'une conversion, chemin qui conduit Dante, de la mort (la vie pervertie) à la vie véritable.  

Cette œuvre magistrale, encyclopédique, ne cesse d'être lue, commentée, interprétée, c'est dire toute sa profondeur et sa beauté. 

Elle a inspiré de nombreux artistes, peintres, sculpteurs, philosophes, écrivains, compositeurs, metteurs en scène : Botticelli, Delacroix, Rodin, Hegel, Goethe, Hugo, Baudelaire, William Blake, Ezra Pound, Becket, Pasolini, Primo Levy,  Litz, Puccini, Tchaïkovski., Romeo Castellucci,   

Selon la lecture qui en est faite, elle est à la fois, réflexion théologique, philosophique, politique, réflexion sur la création artistique, sur l'amour, le désir, ou encore, le récit de la transformation possible de sa propre vie

 

" Vous les vivants vous rapportez toute cause 

à l’influence du ciel, comme si tout 

se mouvait selon ses impératifs. 

S’il en était ainsi, le libre arbitre 

serait détruit en vous, et alors ne serait pas justifié 

d’avoir joie pour le bien, et deuil pour le mal ? "

(La Divine comédie – Le Purgatoire – Chant XVI) 

 

En savoir plus

L'ouvrage est conservé à la Bibliothèque Patrimoniale sous la cote D 1466 R. Un fac-similé de l'édition avec les dessins signés Botticelli, peut être consulté en salle de lecture tous les jeudi et vendredi après-midi sur rendez-vous : Cote G2°115.